Le Château de Connezac ouvre ses portes 60 jours par an. Le propriétaire, Gilles de Lamberterie veut faire profiter de ce patrimoine au public.
En arrivant à Connezac, un petit château apparaît à flanc de colline. Implanté dans un environnement bucolique, son charme discret ne laisse pas insensible. Il faut dire que la petite commune d’environ 70 habitants, située entre Mareuil-sur-Belle et Nontron, est disposée de manière atypique. Elle ne possède pas de bourg et se compose de quatre hameaux dont celui du château, avec ses dépendances transformées en maisons d’habitation et son église romane à clocher-mur.
Le château appartient aujourd’hui à la famille de Lamberterie. Gilles et son épouse y vivent. « Le château est toujours resté dans la famille », explique le propriétaire. Son existence remonte au XIIe siècle. À cette époque, il était plus petit avec une forme bien différente. Il a grandi et évolué au fil de l’Histoire. Il comprend deux corps de logis en équerre, encadrés de trois pavillons. Derrière, la terrasse s’ouvre sur une large vallée au paysage magnifique d’où l’on aperçoit au loin d’autres châteaux. En 1922, d’importants travaux de restauration sont entrepris pour sauver le bâtiment demeuré inhabité depuis 1870.
Un patrimoine à partager
Gilles de Lamberterie ouvre sa bâtisse au public 60 jours par an, notamment lors des Journées du patrimoine. « Je fais ces visites parce que je pense que c’est un endroit à partager dont tout le monde peut profiter. C’est aussi un moyen de faire découvrir la richesse patrimoniale exceptionnelle du Périgord vert », affirme-t-il. D’ailleurs, il s’oppose aux projets d’éolien qui naissent sur ce secteur et risquent, selon lui, de défigurer le paysage.
Le tour du château se déroule en petits groupes à l’extérieur. « Je fais très rarement visiter l’intérieur puisque nous y vivons. » Les curieux découvrent la cour d’honneur, les terrasses et les dépendances. La visite dure environ une heure en fonction des échanges. « J’aime que ce soit interactif et non un monologue », affirme le propriétaire. Des questions reviennent souvent : combien avez-vous de jardiniers ? « Il n’y a que ma femme et moi » , répond-il. Comment vous chauffez-vous ? « Au bois. »
Le propriétaire est souvent interrogé sur l’affaire d’Hautefaye. Ce drame survenu en 1870 a marqué la région. Un mois après le début de la guerre avec la Prusse, lors de la foire annuelle du petit village d’Hautefaye, à quatre kilomètres de là, Alain de Monéys, un jeune aristocrate né à Connezac, est assassiné par une vingtaine de personnes après plusieurs heures de lynchage. Dans un secteur resté fidèle à l’empereur Napoléon III, l’homme avait été accusé d’être un républicain et un traître “prussien“ servant de bouc émissaire dans un contexte tendu. « C’est un mouvement de folie collective ! » , résume Gilles de Lamberterie.
Source : Réussir le Périgord. Article Alexandre MERLINGEAS